JUST’N’FEST 2025 : Live report – jour 2
Entre fureur, émotions et grand final toulousain
Après une première journée résolument placée sous le signe du « More Women on Stage », la deuxième journée du Just’n’Fest 2025 a remis le couvert avec une affiche musclée et éclectique. Du rock indé au Metal plus extrême, la petite commune de Saint-Just (34) a encore vibré sous une pluie de décibels et une ambiance toujours aussi survoltée.
Programme du Samedi 04 octobre :
Murder at the pony club / Worselder / Red Gordon / Seeds of Mary / Heart Attack / Hypno5e / Sidilarsen
MURDER AT THE PONY CLUB
Le Rock vitaminé made in Montpellier
C’est MURDER AT THE PONY CLUB qui a l’honneur d’ouvrir cette deuxième journée du Just’n’Fest, un créneau pas toujours simple comme le souligne avec humour leur chanteur Pierre : « C’est dur de chauffer à l’heure du goûter ! » Pourtant, le groupe montpelliérain n’a mis que quelques secondes à faire mentir la formule.
Déjà aperçu au Hellfest Le Off en juin dernier, le quatuor revient ici avec un peu plus de temps de jeu et deux titres supplémentaires, « Aversion » et « Wake up », venus compléter une setlist déjà bien solide.
Leur recette ? Un Rock alternatif pêchu et malicieux. Le tout agrémenté d’une bonne dose d’autodérision, marque de fabrique de ces garçons qui ne se prennent pas trop au sérieux mais font les choses avec une sincérité et une énergie redoutables.
Sur scène, Pierre (le batteur, cette fois) est littéralement une machine de guerre, débordant d’énergie. Devant, leur frontman, toujours aussi à l’aise avec la foule, multiplie les clins d’œil complices. Sur « Human », il glisse même avec humour : « Ce morceau parle d’écologie… GOJIRA nous a tout piqué, on tenait à le préciser ! » Un moment à l’image du groupe : fun, piquant et 100 % Rock’n’Roll. Leur concert, qui s’achève finalement sur « Slow down », aura parfaitement lancé cette seconde journée.
WORSELDER
Formation originaire de Pamiers en Ariège, WORSELDER débarque sur la scène du Just’n’Fest pour distribuer – littéralement – des mandales. Et pour cause : le micro de Guillaume, le frontman, est en forme de poing américain. Le ton est donné avant même la première note.
Actifs depuis 2008, les gars ont peaufiné leur recette. Un Groove Metal massif, un pied dans le Heavy à l’ancienne et l’autre dans un Thrash moderne dopé à la Pantera. Autant dire que ça tape dur.
WORSELDER envoie un son dense et précis, sans jamais tomber dans la démonstration. Guillaume, au chant, alterne entre voix claire percutante et passages plus hargneux, tandis que Yannick à la basse apporte un contrepoint guttural d’une efficacité redoutable. Le duo vocal fonctionne à merveille et donne une vraie dimension scénique au groupe.
Sur scène, WORSELDER balance un set carré et puissant. On sent l’expérience du groupe mais aussi cette rage intacte, cette envie de tout donner. Chaque titre, issu en partie de leur album Redshift, fait mouche : riffs, groove, breaks, tout est calibré pour embarquer le public.
Le groupe n’a pas peur de mélanger les styles : du Thrash, du Groove, un soupçon de Death dans les vocaux. Et ça fonctionne parfaitement ! Le public se laisse emporter, les têtes hochent, les poings se lèvent et l’énergie devient contagieuse.
Worselder n’a plus rien à prouver. Si le groupe avait la ferme intention de secouer les cervicales de tout le monde : mission accomplie ! La fosse s’en souviendra.
RED GORDON
Le chaos organisé venu d’Auvergne
Après WORSELDER, place à RED GORDON, qu’on avait également déjà croisé en juin dernier au Hellfest Le Off et qu’on était ravis de retrouver sur la scène du Just’n’Fest. Les Clermontois n’ont pas fait le voyage pour rien. Ils sont venus livrer une décharge d’énergie brute dont ils ont le secret.
Avec leur Nu-metalcore explosif, à mi-chemin entre la lourdeur du Nu-metal et la violence chirurgicale du Metalcore, sur scène au chant, Tao masqué et habité capte immédiatement l’attention de ceux qui ne connaissaient pas encore le groupe. Derrière lui, ses trois frères d’armes envoient un mur de son massif, sans jamais ralentir la cadence. RED GORDON déroule à nouveau un set sans temps mort, où les riffs tranchants et les refrains hurlés s’enchaînent à une vitesse folle.
Dans la fosse, la réaction est immédiate : ça saute, ça pogote, ça slamme. Bref, c’est la guerre (mais une guerre joyeuse). Le public, déjà bien chauffé, se fait embarquer par cette intensité qui ne faiblit jamais. Des morceaux comme « Inner repeat », « Useless« ou encore « Quizzical mind » déclenchent de véritables vagues de mouvement.
Visuellement, le contraste entre le masque impassible de Tao et la frénésie ambiante renforce le côté chaos organisé de leur show. RED GORDON, c’est une claque sonore, viscérale et sincère. Pas de fioritures, pas de pause, juste du gros son, des émotions à vif et toujours une furieuse envie d’en découdre.
SEEDS OF MARY
Le souffle émotionnel
Changement radical d’ambiance avec les bordelais de SEEDS OF MARY, qui apportent une touche plus mélodique et introspective à cette deuxième journée du Just’n’Fest. Leur Metal alternatif crée un véritable cocon sonore où émotion et puissance se croisent à chaque instant.
Sur scène, Jérémy au chant impressionne par sa prestance naturelle : une intensité tranquille qui capte l’attention dès les premières notes d’« Amor Fati ». Sur la grosse caisse, on remarque la pochette de leur dernier album LOVE, sorti l’an dernier chez Klonosphère. Le clin d’œil ne passe pas inaperçu : entre deux titres, il prend le micro pour rappeler, sourire aux lèvres : « Notre dernier album s’appelle LOVE et ça veut dire… » , le public lui répond en chœur, « …amour !« .
La setlist puise largement dans cet opus, avec cinq titres (« Amor Fati », « Begin the end », « Spiral me down », « Insomnia », « Love »), complétés par deux morceaux de l’album précédent. Les riffs lourds, les mélodies entêtantes et les ambiances éthérées se mêlent parfaitement, créant une montée en tension constante. Dès « Begin the end », la fosse s’anime et quelques pogos éclatent, preuve que la musique du groupe touche autant la tête que le corps.
Moment fort du set : « Love », dont le guitariste Julien confiait lors de la sortie du clip qu’il parle de ce moment d’amertume après la colère d’une rupture. Une chanson pleine d’ironie et de sincérité, née au cœur d’une relation toxique, où la mélancolie et la rage s’équilibrent dans une intensité palpable.
En sept titres, SEEDS OF MARY aura offert une respiration émotionnelle dans la soirée. Un instant suspendu entre lourdeur et lumière, avant la prochaine déferlante.
HEART ATTACK
Le thrash azuréen en pleine éruption
La température monte encore d’un cran avec les HEART ATTACK, venus tout droit de Cannes et décidés à prouver qu’on peut faire du Thrash moderne aussi explosif que fédérateur. Formé en 2006, le groupe s’est imposé au fil des années comme l’un des fers de lance de la scène Metal française..
Alors qu’on entre dans la dernière ligne droite du festival, la salle se remplit à une vitesse folle. Quand les lumières s’éteignent, les quatre musiciens apparaissent masqués, tous affublés du visage inquiétant de cet homme qui trône sur la pochette de leur dernier album Negative Sun. Une entrée en matière théâtrale ! Comme le précisait Kévin, leur chanteur, dans une interview chez un confrère, ce personnage est la personnification du côté le plus sombre et le plus violent de l’être humain.
Dès les premières secondes de « Wings of judgement », le ton est donné : riffs acérés, batterie cataclysmique et un Kévin complètement habité. Le groupe enchaîne avec « Burn my flesh », « When the light dies down » et « Fight to overcome », tirés de leur deuxième album. Sur ce dernier, Kévin réussit à faire asseoir toute la fosse avant de la faire exploser en un saut collectif.
On retrouve également « Defeat the veil« , leur tout nouveau single sorti en septembre, accompagné d’un clip tourné… sur la Tour Eiffel ! Et pour conclure, les Cannois balancent une ultime déflagration avec « Negative Sun », titre éponyme de leur dernier album.
Les fans sont en transe, entre circle pits, pogos et slams en rafale. L’énergie est telle qu’on ressort lessivé, le sourire jusqu’aux oreilles. HEART ATTACK, fidèles à leur réputation, ont livré un show aussi musclé que maîtrisé, confirmant qu’ils jouent désormais dans la cour des grands du Metal hexagonal.
HYPNO5E
La transe cinématique
L’attente était palpable. Dès que les lumières s’éteignent, la salle du Just’N’Fest se resserre, le silence se fait presque religieux. Il est enfin temps pour HYPNO5E de prendre possession de la scène. Le public acclame Emmanuel, Jonathan, Pierre et Charles comme des héros. Pour beaucoup ici, le groupe montpelliérain tient une place à part. Formé dans la capitale héraultaise, HYPNO5E incarne à merveille cette volonté du festival de mettre en avant la scène locale. Leur univers, à la croisée du Metal progressif, du Post-metal et du Metal cinématique, ne ressemble à aucun autre. Ici, pas de refrains calibrés ni de structure classique. Le groupe construit des paysages sonores, entre ombre et lumière, chaos et contemplation.
Dès les premières notes, la scène se transforme. Dans une pénombre feutrée, les musiciens apparaissent tels des ombres chinoises, découpées dans la brume et les lumières tamisées. Le set débute sans un mot, plongeant immédiatement le public dans une sorte de transe hypnotique. Les titres s’enchaînent comme les chapitres d’un film intérieur, où chaque riff, chaque respiration semble raconter quelque chose.
La puissance du groupe réside dans cette tension émotionnelle constante. Un équilibre fragile entre la douceur des passages instrumentaux et la brutalité soudaine des explosions sonores. Emmanuel, à la guitare et au chant, mène le voyage avec une intensité rare. Aucun répit, aucune coupure. Juste une heure suspendue, hors du temps, où la salle tout entière retient son souffle. Aussi, quand le dernier accord retentit, c’est un tonnerre d’applaudissements qui s’élève pour HYPNO5E.
SIDILARSEN
25 ans de carrière !
Formé en 1997 à Toulouse, le groupe affiche aujourd’hui plus de 25 ans de carrière au compteur, et prouve qu’il n’a rien perdu de sa rage, ni de sa sincérité. Dès les premières notes de « Comme on vibre », le ton est donné : un son massif, précis et une salle instantanément en transe. Le sol tremble, les bras se lèvent, la communion est totale.
Le jeu de lumières est à couper le souffle. Des faisceaux éclatants, des flashs qui épousent chaque kick et des transitions qui donnent à chaque morceau une dimension presque cinématique. Sur scène, David et Benjamin mènent la danse avec un charisme explosif. Même un peu malade ce soir, David donne tout. À la fin de « Comme on vibre », il s’excuse d’ailleurs auprès du public d’avoir la voix un peu fragile ce soir. Mais la foule, en cœur, l’encourage et chante avec lui. Preuve que la sincérité touche plus fort que la perfection. Et malgré la fatigue, il assure le show sans faillir : on n’y a vu que du feu.
Les titres s’enchaînent (« Intox », « Retourner la France », « Money Game », « Back to Basics ») et chaque refrain est repris par une salle survoltée.
De son côté, Benjamin arbore un T-shirt noir sur lequel est écrit « We should all be Feminists » et lance au public « C’est fini les frotteurs pendant les concerts. On en veut plus. »
Puis vient « On va tous crever », moment de catharsis absolue : la fosse explose, les voix s’unissent, les lumières s’affolent. En final, « Des milliards » clôt le set dans une émotion collective, Benjamin tendant son micro sur pied au-dessus du public pour un dernier chant partagé.
Après un tel show, impossible de ne pas sortir le sourire aux lèvres et le cœur gonflé à bloc. Merci les SIDILARSEN !
Une 6ᵉ édition du Just’N’Fest qui s’achève en beauté
Difficile de trouver meilleure conclusion à cette 6ᵉ édition du Just’N’Fest. Après deux jours intenses, entre gros riffs, émotions partagées et ambiance survoltée, le festival de Saint-Just a une fois de plus tenu toutes ses promesses. Des jeunes pousses prometteuses aux têtes d’affiche confirmées, chaque groupe a su apporter sa couleur à une programmation toujours plus ambitieuse.
Cette deuxième journée, marquée par des concerts d’une rare intensité – de Heart Attack à Sidilarsen, en passant par Hypno5e ou Seeds of Mary – a rappelé combien la scène française regorge de talents prêts à tout donner, sur scène comme dans la fosse. Vivement l’année prochaine pour une 7eme édition qu’on imagine déjà plus brûlante encore.
