Interview avec BURNING THE OPPRESSOR pour la sortie de « Waking Nightmare »
Actifs depuis plus d’une décennie, les membres de BURNING THE OPPRESSOR se sont forgés une solide réputation avec leur Death Metal brutal, engagé et sans compromis. Le 18 avril 2025, ils ont dévoilé leur cinquième album, Waking Nightmare, un disque sombre et puissant qui marque une nouvelle étape dans leur parcours. On a voulu en savoir plus sur leur histoire, leurs inspirations et bien sûr ce nouvel opus. Pour l’occasion, nous nous sommes entretenus avec Kévin, chanteur du groupe, qui a répondu à nos questions.
Partie 1 : Origines et identité du groupe
Under a Metal Sun : Pour commencer, tout simplement, pour notre public français qui ne vous connaît peut-être pas encore, pouvez-vous nous raconter brièvement comment Burning The Oppressor a vu le jour ?
Kévin : Le groupe est né en 2012, au Québec, avec l’idée de transformer notre rage intérieure et notre indignation face aux injustices du monde en une force créatrice. À l’origine, on nous a approchés pour jouer au défunt mais mythique Montebello Rockfest Festival, un événement de renommée mondiale. On partageait alors l’affiche avec des groupes comme Korn, Dream Theater, As I Lay Dying, Suicide Silence, Protest the Hero,The Acacia Strain, etc. Les gars ont donc littéralement monté le projet de toutes pièces en quelques mois, en fusionnant les expériences musicales passées avec un objectif clair : livrer un set digne de cette programmation massive. Ce qui était au départ une échappatoire entre amis est devenue un collectif engagé et enragé, unis non seulement par la musique, mais par une même volonté de secouer les consciences.
UaMS : D’où vient le nom du groupe ?
Kévin : Le nom Burning the Oppressor est une déclaration de principe. Il illustre notre désir de confronter, de dénoncer, voire de symboliquement réduire en cendres toutes formes d’oppression : sociales, politiques, économiques ou psychologiques. C’est un appel à l’émancipation, une façon d’extérioriser la colère et de rallumer les braises de la résistance. Le feu est purificateur et parfois pour renaître, il faut d’abord brûler ce qui nous écrase.
Partie 2 : Évolution musicale et discographie
UaMS : Vous en êtes déjà à votre 5e album. Aussi, comment décririez-vous cet album par rapport aux précédents ?
Kévin : Waking Nightmare représente une forme d’aboutissement. On y retrouve notre essence – ce mélange de Death Metal et de groove viscéral – mais avec une profondeur nouvelle, autant dans les arrangements que dans les thématiques. C’est un album plus sombre, plus personnel aussi. Il prend racine dans des expériences réelles, des épreuves vécues, et porte en lui une charge émotionnelle brute. Là où les précédents albums dénonçaient surtout le monde extérieur, Waking Nightmare explore aussi notre monde intérieur.
UaMS : Le groupe a déjà 10 ans de carrière. Qu’est-ce qui vous motive toujours après toutes ces années dans la scène Metal québécoise ?
Kévin : 13 ans même… Ce qui nous anime, c’est la conviction que la musique extrême peut être un levier de réflexion et de transformation. Tant qu’il y aura des choses à dénoncer, tant qu’il y aura des gens à rejoindre, on sera là. Et puis, le public québécois nous soutient depuis le début. Il y a une énergie unique ici, une soif d’authenticité, et ça nous pousse à rester vrais, à se renouveler sans trahir notre ADN. On ne fait pas ça pour le fame naturellement mais parce que c’est vital pour nous.
Partie 3 : L'album Waking Nightmare
UaMS : Le titre Waking Nightmare est très évocateur. Quelle est l’idée ou le concept principal derrière cet album ?
Kévin : Ce titre évoque ces moments où le cauchemar ne s’arrête pas au réveil. Il parle de la douleur qu’on porte dans nos silences, de ces fractures intimes qu’on essaie de cacher, mais qui finissent par nous définir. L’album aborde le deuil, la santé mentale, l’anxiété, mais aussi la capacité de résistance qu’on développe au travers de tout ça. C’est une œuvre frontale, mais honnête. On voulait créer un miroir dans lequel chacun peut reconnaître ses propres cicatrices, et y puiser une forme de force.
UaMS : Y a-t-il un morceau en particulier sur ce disque qui vous tient particulièrement à cœur ? Si oui, lequel et pourquoi ?
Kévin : Difficile de choisir un seul morceau, car chacun possède son propre poids émotionnel. Cela dit, « Silence » se démarque par sa nature profondément intime. C’est un morceau qui rend hommage à la mère de Jeff. L’enregistrer a été extrêmement éprouvant sur le plan émotionnel. Il y a une vulnérabilité à fleur de peau dans ce titre, une douleur brute qui affleure à chaque note. C’est un morceau à la fois cruel et magnifique dans ce qu’il dévoile, une sorte de catharsis et d’acceptation du deuil mise en musique.
UaMS : Le clip de Slayer Princess a une esthétique marquante. Pouvez-vous nous en dire plus sur son inspiration ?
Kévin : Le vidéoclip se distingue par une approche visuelle immersive, inspirée d’un épisode marquant vécu par Amy Demers, notre merch Girl et une amie proche du groupe. Hospitalisée dans un état critique, Amy a été plongée dans un long coma durant lequel elle a vécu des visions récurrentes de l’enfer, coincée entre cauchemar et hallucination. Ce récit poignant a profondément résonné chez les membres du groupe, qui en ont fait le point de départ de l’univers visuel de l’album.
Pour traduire cette expérience, notre guitariste Frédérick Mouraux a conçu un environnement visuel 3D dense et symbolique, où se mêlent chaos, solitude et tension. Le résultat donne naissance à un clip sombre et évocateur, à mi-chemin entre l’introspection et la fiction. Fred a su donner vie à cet univers post-apocalyptique, entre purgatoire, visions de jugement dernier et cauchemar sans fin. Le résultat est puissant, symbolique, parfaitement aligné avec les thèmes de l’album.
UaMS : Vous avez récemment signé avec le label français M&O Music. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Kévin : C’est une collaboration importante pour nous. M&O Music a saisi dès le départ l’essence du projet. Travailler avec eux, c’est pour nous une opportunité d’ouvrir de nouvelles portes, de rencontrer un public Européen qui, on le sent, est réceptif à notre approche. Il y a une vraie compatibilité humaine avec Alexandre et son équipe, et ça nous donne confiance pour la suite. On ne voulait pas simplement une distribution ou être un band « tabletté » parmi tant d’autres, mais un vrai partenariat basé sur la confiance mutuelle et la passion. C’est ce qu’on a trouvé.
Partie 4 : Perspectives et message
UaMS : Quels messages ou émotions cherchez-vous à transmettre avec votre musique ?
Kévin : La lucidité. L’espoir. La douleur transformée en arme. On fait une musique qui cogne assez solide, mais qui veut aussi faire réfléchir. On n’a jamais voulu être un simple défouloir. On veut provoquer une réaction, une prise de conscience. Nos textes parlent de réalité, de contradictions humaines, de résistance face à l’effondrement. Si un seul auditeur se sent moins seul, ou reprend le contrôle d’un morceau de sa vie grâce à une chanson, alors on a fait quelque chose de vrai et de bien.
UaMS : Enfin, qu’aimeriez-vous dire à quelqu’un qui ne vous connaît pas encore et qui découvre Burning The Oppressor avec Waking Nightmare ?
Kévin : Ce qu »on te propose, c’est une expérience à la fois brutale et sincère. Pas de faux-semblants, pas de recettes. Juste une musique qui te prend aux tripes et te parle droit dans les yeux. Si tu cherches un Metal engagé, viscéral et profondément humain, alors tu es au bon endroit.
UaMS : Merci encore pour votre temps et vos réponses. On vous souhaite le meilleur pour la suite de la promotion de Waking Nightmare et les projets à venir. À la prochaine et longue vie à Burning The Oppressor !
Kévin : Merci à vous pour la vitrine et votre support !
