A LA UNECONCERTSFESTIVAL

Hellfest 2025 : Live report jour 1 (jeudi)

L’édition 2025 du Hellfest s’annonçait comme l’une des plus riches de son histoire… et l’une des plus éprouvantes. Quatre jours de musiques extrêmes, de communion et de décibels sous une chaleur accablante. Les températures annoncées dépassaient les 35 °C. Dès l’ouverture des portes, l’organisation avait lancé un appel clair à la vigilance : s’hydrater régulièrement, se badigeonner de crème solaire, porter un couvre-chef et profiter des zones d’ombre et des nombreux points d’eau mis à disposition. Une campagne de prévention sérieuse, largement relayée sur place et sur les réseaux, à la hauteur de l’engagement logistique du festival.
Mais la chaleur n’a pas freiné l’enthousiasme des dizaines de milliers de festivaliers qui, dès le jeudi 19 juin, se sont pressés sur le site de Clisson pour vivre quatre jours en enfer… au paradis du Metal.
Et pour nous aussi, Under a Metal Sun, cette édition était particulière : c’était notre première participation en tant que média accrédité au Hellfest. Jeune webzine indépendant, passionné, porté par l’amour du Metal sous toutes ses formes, nous avons voulu couvrir ce marathon musical avec curiosité, exigence et fidélité à nos valeurs. Des groupes émergents aux mastodontes internationaux, notre objectif est simple : rendre compte de l’énergie incroyable de ce festival et partager un peu de ce feu avec vous.
Place maintenant à la chronique du jour 1 : une journée déjà inoubliable, rythmée par des concerts survoltés, une ambiance incandescente et un soleil qui n’a laissé aucun répit. Bienvenue au Hellfest.

SKINDRED – Mainstage 1 – 16h30

Un set incandescent sous un soleil de plomb

Pour ouvrir officiellement les hostilités sur la Mainstage 1, les Gallois de SKINDRED avaient la lourde tâche, ou plutôt le privilège, de faire décoller cette 18ᵉ édition du Hellfest. Il est 16h30. L’air est lourd et l’absence d’ombre autour de la scène rend l’atmosphère particulièrement éprouvante. Mais rien de tout cela ne freine l’enthousiasme du public, déjà massé en nombre.
Et dès que résonne la marche impériale de Star Wars en intro, la foule explose. SKINDRED entre en scène avec « Set Fazers », tiré de leur dernier album Smile. Le morceau, dopé aux grosses basses presque dubstep dans son intro, fait vibrer la plaine. Un mix sonore qui retrouve peu à peu son équilibre mais qui n’empêche pas la machine à groove d’embarquer tout le monde dans une ambiance ultra-festive et déjantée.
Le chanteur Benji Webbe, fidèle à lui-même, est habillé de manière totalement surréaliste compte tenu de la météo : plusieurs couches de vêtements dont un épais manteau style fausse fourrure. Sous ce déguisement improbable, il ne tient pas en place : il court, saute, interpelle le public, gesticule, harangue et surtout fait danser. Car SKINDRED, c’est avant tout la célébration d’un Metal joyeux, métissé et rassembleur.
La setlist pioche dans toute leur discographie avec efficacité.  « Ratrace », « That’s my jam » ou encore  « Kill the power » font bondir la fosse alors que « L.O.V.E. » apporte sa vibe solaire.  Le tout entrecoupé d’un intermède DJ mêlant « Walk » (Pantera), « Jump » (Van Halen), « Jump around » (House of Pain) et même « Still D.R.E. » (Dr. Dre).
Et enfin, « Warning » vient clore les 40 minutes de set sur une déflagration d’énergie collective avec le traditionnel « Newport Helicopter » : des centaines de festivaliers tournent leur t-shirt au-dessus de leur tête dans un joyeux tourbillon.
Un bon démarrage en Main Stage avec un show haut en couleur qui a transformé la plaine brûlante en dancefloor géant, ouvrant le Hellfest avec une générosité et une folie communicative.

SEVEN HOURS AFTER VIOLET – Mainstage 2 – 17h15

Quelques minutes après l’ouverture de SKINDRED, c’est la Mainstage 2 qui prend le relais avec l’un des projets les plus attendus de cette journée : SEVEN HOURS AFTER VIOLET. Il s’agit d’un nouveau groupe né en 2024 sous l’impulsion de Shavo Odadjian, bassiste emblématique de SYSTEM OF A DOWN.
Dès les premières secondes, le ton est donné avec « Paradise », un morceau lourd, pesant et hyper rythmique qui claque comme une gifle en pleine canicule. Le public, curieux au départ, se laisse rapidement captiver par leur son massif mais finement construit, oscillant entre force brute et passages éthérés.
Le chant repose sur un duo vocal remarquable. Taylor Barber (Left to Suffer), imposant par son gabarit et ses screams gutturaux et Alejandro Aranda (Scarypoolparty), à la voix claire et mélancolique, qui s’exprime aussi à la guitare. Ce jeu d’opposition crée une tension permanente et pourtant parfaitement maîtrisée. Une vraie complémentarité qui donne au groupe une identité déjà très marquée.
En 40 minutes, SEVEN HOURS AFTER VIOLET propose une performance d’une grande intensité.
On retrouve notamment « Alive », « Cry » et « Radiance », trois titres qui illustrent parfaitement cette dynamique d’équilibre entre tension et émotion, entre riffs plombés et envolées planantes.
Le final « Sunrise » achève de convaincre. Un morceau à la fois lumineux et viscéral, qui laisse le public suspendu dans un étrange entre-deux émotionnel. Une vraie révélation live et une confirmation que SEVEN HOURS AFTER VIOLET est bien plus qu’un side-project : c’est une formation à suivre de très près.

KIM DRACULA – Mainstage 2 – 18h45

Un OVNI venu d’Australie

C’est probablement l’artiste venu de plus loin pour cette édition 2025. KIM DRACULA, en provenance de Tasmanie précisément, a débarqué sur la Mainstage 2 avec un univers aussi exubérant que déroutant. Sur scène, tous les musiciens sont en costume-cravate tandis que KIM DRACULA lui-même porte une tenue hybride entre un costume de meneur de cirque et un uniforme de pilote de ligne. Rien que visuellement, le ton est donné.
Révélé via TikTok, le chanteur suscitait chez certains dans le public autant de scepticisme que de curiosité. Mais les doutes s’évaporent rapidement. Le concert est un chaos parfaitement orchestré, un melting-pot mêlant Trap metal, Nu metal, Funk, Hip-hop ou encore Electro. Les morceaux s’enchaînent avec une énergie constante : « Land of the Sun », « Drown », « My confession » ou encore « Seventy thorns« , joué sans la participation (hélas espérée) de Jonathan Davis pourtant programmé plus tard dans la soirée avec KORN.
KIM DRACULA parle très peu, préfère la théâtralité à la communication directe. Il grimace, saute, mime, comme s’il jouait un rôle enfermé dans son propre monde. Mais autour de lui, tout est millimétré dans ce show sans queue ni tête, mais résolument captivant.
La reprise « Paparazzi » de Lady Gaga et le final en apothéose avec « Killdozer » parachèvent cette performance radicalement unique. Peut-être pas taillé pour tous les publics mais impossible de rester indifférent.

AIRBOURNE – Mainstage 1 – 19h30

Le Hard-Rock survitaminé made in Australie fait encore des étincelles

Pour leur sixième passage au Hellfest, les Australiens d’AIRBOURNE n’ont pas dérogé à leur réputation : celle d’un groupe taillé pour la scène avec le groove imparable d’un bon vieux hard rock sans fioritures.
Joel O’Keeffe, leur frontman fidèle à lui-même, surgit torse nu la guitare en bandoulière, bondissant d’un bout à l’autre de la scène comme si sa vie en dépendait. Histoire de poser les bases, le show commence sur les chapeaux de roues avec « Ready to Rock » sur lequel le public entonne à l’unisson des « oh! oh! oh! oh » au milieu du morceau. La sueur, la bière, le gros riff bien gras : tous les ingrédients sont réunis pour 50 minutes de défoulement collectif. À grands coups de classiques comme « Too much, too young, too fast » ou l’inusable « Runnin’ wild », le groupe galvanise une foule déjà en fusion.
Mais le moment signature d’un concert d’AIRBOURNE arrive quand Joel grimpe sur les épaules d’un roadie (qui mérite une médaille) pour aller jouer au cœur de la fosse sur « Girls in black ». La scène, certes connue, fait toujours son effet. La bière vole, le public hurle et l’ambiance monte encore d’un cran.
Entre deux morceaux, O’Keeffe salue Clisson avec sa gouaille légendaire et en profite aussi pour glisser leur nouveau single « Gutsy » dont le titre trône en lettres géantes sur l’écran arrière.
AIRBOURNE ne change pas. Et c’est exactement pour ça qu’on les adore.

SOFT PLAY – WarZone – 20h45

De la rage, du cœur et un retour qui claque

Après avoir traîné du côté des Mainstages, petit détour nécessaire vers la Warzone, ce bastion du Punk et du Hardcore où l’énergie brute se vit au ras du sol. Ce jeudi 19 juin, un moment fort nous y attendait : le retour de SOFT PLAY, ex-SLAVES. Le duo britannique, formé par Isaac Holman (batterie/chant) et Laurie Vincent (guitare), a vécu un arrêt brutal en 2019 suite à la perte tragique de la compagne de Laurie, emportée par un cancer. En 2022, contre toute attente, le duo renaît sous un nouveau nom : SOFT PLAY.
Sur scène, 8 morceaux de leur dernier album Heavier Jelly sont joués et chaque note transpire la rage de vivre et l’urgence de dire. Dès les premiers instants, le groupe fait exploser la Warzone. Sur « Mirror Muscles », Isaac tambourine debout sur son kit de fortune, sans grosse caisse ni charley, pendant que Laurie plonge dans la fosse guitare en main, ouvrant la porte au pogo et aux slams.
Le morceau « Girl fight » est l’un des moments phares où le Isaac lance un « Allez les filles ! » en français avant d’ouvrir le pit. Sur « Everything and Nothing », Laurie délaisse sa guitare pour jouer sur une mandoline, instaurant une atmosphère poignante, suspendue dans le tumulte.
Ils clôturent sur un « The hunter » survolté, au terme d’un set bouillonnant d’une heure où sueur, engagement politique, et  émotion ne font plus qu’un. Un retour brûlant de sincérité pour un groupe dont le Punk n’est pas qu’une musique. C’est une thérapie ! Un cri de vie !

RISE OF THE NORTHSTAR – Mainstage 2 – 22h45

Appelés en renfort, intronisés en force

En 2023, ils avaient mis la Warzone à feu et à sang. En 2025, les Rise of the Northstar (ROTN) sont appelés en renfort sur la Mainstage 2 après l’annulation d’ULTRA VOMIT à deux semaines du festival, les Parisiens n’ont pas flanché. Et le public leur a rendu au centuple.
Fini les tenues blanches aperçues lors de leur précédent passage. Place au full black, plus street, plus brut mais toujours aussi stylé. En fond de scène, un majestueux cerisier évoque leur passion pour la culture japonaise, qui infuse leur musique comme leur univers visuel.
Le set démarre fort avec « Nekketsu », rapidement suivi de « Welcame (Furyo State of Mind) » . La température grimpe alors instantanément et la fosse explose. « Here comes the Boom », devenu un incontournable du groupe, fait encore plus grimper la chaleur. ROTNS est un des groupes phares actuels de la scène Metal française. Aussi, difficile de nier la maîtrise du show : son impeccable, flow millimétré et de l’énergie à revendre.
Le chanteur Vithia, toujours aussi charismatique, dédie « Demonstrating My Saiya Style » à ULTRA VOMIT et lance un wall of death titanesque. Plusieurs circle pits enflamment la foule, tandis que certains refrains sont repris à pleins poumons, notamment sur « One love ».
Des interludes musicaux d’inspiration japonaise ponctuent le set, ajoutant une touche narrative à cette heure survoltée.
En guise de conclusion, « Again and again » clôt le concert suivi d’un teaser pour leur single en collaboration avec LANDMVRKS, « Back 2 Basics« , sorti le 27 juin.
Une montée en puissance incontestable pour ROTNS, qui confirme qu’il a toute sa place au sommet de l’affiche.

KORN – Mainstage 1 – 23h30

Un rugissement d’anthologie sur la Mainstage

Le public est dense pour voir les californiens. Un immense rideau noir masque la scène. On se demande tous à quoi on va avoir droit. Puis… un motif de cymbales immédiatement reconnaissable perce dans la nuit. En un éclair, toute la foule comprend lorsque le premier riff de guitare qui suit confirme la chose. Le rideau s’écroule tandis que Jonathan Davis hurle, porté par les milliers de voix du Hellfest : «ARE YOU READY ??». KORN vient de lancer son concert sur le mythique « Blind » et la messe est dite : la légende est bien vivante.
Sur scène, Jonathan Davis, en kilt noir comme à son habitude, trône derrière son micro biomécanique signé HR Giger. Face à lui, une marée humaine qui n’attendait que ce moment.
Le groupe californien livre une prestation d’une puissance rare. Comme le rappelle Jonathan Davis sur scène, KORN fête ses 31 ans de carrière. Une longévité qui se ressent à chaque note. L’expérience parle d’elle-même. Aussi, plus en forme que jamais, le quintet déchaîne les enfers avec une setlist taillée pour embraser la Mainstage 1. La claque est totale pour le public avec une succession de classiques : « Twist », « Here to stay », « Got the life », « Twisted transistor », « A.D.I.D.A.S » ou encore l’inévitable « Shoots and ladders » qui se conclut sur le clin d’œil traditionnel à Metallica avec le refrain de « One ».
Tout est là : énergie, interaction avec le public, jeux de lasers épileptiques. Séquence d’émotion collective quand la foule entonne un joyeux anniversaire pour le guitariste Brian « Head » Welch.
Le show s’achève sur un lâcher de confettis rouges et blancs durant « Freak on a leash », comme pour sceller l’un des temps forts de cette édition. KORN n’a pas juste joué au Hellfest 2025. Ils l’ont marqué au fer rouge.

ELECTRIC CALLBOY – Mainstage 2 – 01h05

Dancefloor sous les étoiles

Il est déjà 1h du matin sur la Mainstage 2 mais ELECTRIC CALLBOY a bien l’intention de tout faire sauter une dernière fois. Avant même que le groupe ne foule la scène, les écrans géants projettent le protagoniste déjanté de leur clip « Elevator operator », en costume kitsch, frange et coupe mulet. Il se retourne face à la foule, faussement surpris de voir autant de monde, puis entame un check technique : lumières, son, pyrotechnie, confettis, tout y passe. Il conclut d’un énergique « Are you ready ?! » (Ndlr : le deuxième de la soirée après celui de Jonathan Davis de KORN) et les hostilités commencent donc bien sur « Elevator operator » dans un raz-de-marée de lumières et de beats surboostés.
Le ton est donné. Le groupe allemand ne va laisser aucun répit à un public pourtant rincé par la chaleur de cette première journée. Techno, metalcore, second degré, le cocktail est explosif. Pas besoin d’un nouvel album pour soulever la foule. Leurs tubes comme « Spaceman », « Hype hypa » ou « Pump it » suffisent à transformer la plaine en gigantesque rave Metal, dopée aux breakdowns techno-core, aux refrains catchy et aux chorégraphies absurdes. Frank Zummo (ex-Sum 41), fraîchement recruté à la batterie, est présenté avant de démarrer une reprise survoltée de « Still waiting » de SUM 41. « Ratatata », leur dernier single en collaboration avec BABYMETAL, déclenche des sauts frénétiques et des cris de joie. 
Changeant plusieurs fois de tenues, les deux frontmen mènent leur fiesta sans aucun temps mort. Chaque morceau est un feu d’artifice sonore et visuel. Le set se termine sur « Tekkno Train » enchaîné avec « We got the moves », dans un final grandiose de lights et de pyros, comme un dernier uppercut euphorisant.
ELECTRIC CALLBOY n’a pas donné un simple concert mais bien une rave Metal géante, décadente et libératrice, qui termine cette première journée sur un nuage de confettis… et un sourire jusqu’aux oreilles.

Sous un soleil de plomb, ce jeudi 19 juin aura lancé le Hellfest 2025 sur les chapeaux de roue. La chaleur écrasante n’a pas entamé l’enthousiasme d’un public venu en nombre dès les premières heures, avide de riffs furieux, de sueur et de décibels. Des groupes émergents aux mastodontes de la scène, chaque scène a été le théâtre de performances marquantes, de découvertes surprenantes et de moments déjà inoubliables. Entre la fougue de Soft Play, la puissance de feu de Skindred, l’intensité de Seven Hours After Violet, la claque Korn et le bouquet final euphorisant signé Electric Callboy, ce jeudi restera comme une entrée en matière aussi intense que variée. Et pourtant… ce n’était que le début.

Envie de prolonger le voyage en enfer ?

Chaque journée a eu son lot de moments forts, de découvertes et de shows dantesques.
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Lieu : HELLFEST
Ville : Clisson (44)

Date : 19/07/2025