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Hellfest le Off 2025 : live report – jour 1

Chaque année, à quelques jours de l’ouverture officielle du Hellfest, Clisson s’enflamme déjà avec Hellfest Le Off, un événement gratuit et ouvert à tous qui donne le ton de la grande messe Metal à venir. Ce rendez-vous festif s’est imposé comme une tradition, une manière décalée et chaleureuse de plonger dans l’ambiance du Hellfest avant la tempête !
La dernière édition a eu lieu les 17 et 18 juin 2025 sur le parking du magasin Leclerc de Clisson, qui en est d’ailleurs l’organisateur historique depuis les débuts de l’événement. Comme à son habitude, « Le Off » a proposé une programmation éclectique mettant en avant la scène émergente, dans une atmosphère résolument bon enfant. Une manière parfaite de plonger dans l’univers du Hellfest tout en gardant un esprit libre et accessible. Pour les habitants comme pour les festivaliers déjà présents en ville, c’est une belle façon de lancer les hostilités, dans un esprit de communauté et de passion.

Retour sur la première journée du 17 juin 2025

Dès les premières heures de l’après-midi, le parking du Leclerc de Clisson vibre déjà au rythme du Hellfest Le Off, transformé en mini festival à ciel ouvert. Sous un soleil de plomb, les festivaliers commencent à affluer autour des deux scènes installées pour l’occasion, alternant entre concerts, food trucks et stands dans une ambiance à la fois festive, familiale et profondément Metal.
La journée du 17 juin a offert une programmation riche et variée, avec pas moins de quinze groupes et artistes qui se sont succédés sur les deux scènes, reflétant la diversité de la scène alternative actuelle entre Rock, Metal, Grunge et humour décapant.

CUTTING CORNERS

Parmi les premiers à ouvrir les hostilités, Cutting Corners a immédiatement donné le ton de cette journée avec un set court mais intense. Ce jeune duo dijonnais formé par Tommy (batterie/chant) et Ricardo (guitare/chant) balance un garage-rock survolté, brut et sans fioritures. Depuis leur rencontre, l’alchimie entre les deux musiciens est palpable et sur scène c’est une vraie déflagration d’énergie. Avec une simple batterie, une guitare et des textes scandés en anglais, Cutting Corners prouve qu’il n’en faut pas plus pour mettre le feu. Et ce mardi à Clisson, ils n’ont pas fait dans la demi-mesure : sept titres extraits de leur premier album ont été joués. Le public a particulièrement réagi sur « Get Ready », morceau d’ouverture accrocheur, « I’m OK », plus mélodique mais tout aussi puissant et « Trampoline Park », au groove irrésistible. Un enchaînement qui a instantanément capté l’attention des festivaliers, encore en train de s’installer mais déjà conquis. Et dans leur élan plein de fougue, le duo descend de scène et part même jouer à l’intérieur du Leclerc. Un démarrage pied au plancher pour cette édition 2025 du Hellfest Le Off, grâce à un duo qui incarne parfaitement la relève Rock made in France.

MORGANA MAGNA

Juste après eux, Morgana Magna a pris le relais avec un set intense et généreux, proposant une dizaine de morceaux dans un style hybride entre Rock et Metal, à la croisée des ambiances sombres et des riffs percutants. Originaires d’Angers, les membres du groupe ont rapidement conquis le public du Hellfest Le Off grâce à leur présence scénique affirmée et leur univers bien à eux.
Dès les premières notes, deux jeunes filles dans le public ont levé fièrement des pancartes à l’effigie du groupe : un soutien qui n’est pas passé inaperçu et qui a donné le ton de ce concert, où la connexion entre le groupe et ses fans était palpable. Les morceaux se sont enchaînés avec assurance alternant moments lourds et passages plus mélodiques, dans un équilibre maîtrisé. Entre les riffs acérés, les lignes de chant habitées et une énergie sincère, les Angevins de Morgana Magna ont clairement marqué les esprits. Une belle performance avec un son accrocheur.

SOMETHING ANIMAL

Le public n’a pas eu le temps de souffler qu’un véritable déferlement sonore s’est abattu avec Something Animal. Originaire de Paris, le quintet a lâché neuf morceaux ultra nerveux, puisés en grande partie dans leur nouvel opus Bestial Curse Part 1, un E.P concept inspiré du comportement animal pour mieux parler de la nature humaine. Le ton est donné : du hardcore sauvage avec des riffs tranchants, des breakdowns furieux et des refrains aussi accrocheurs que chaotiques.
C’est avec eux que le premier circle pit de la journée a été lancé, preuve que la tension était à son comble dès les premières minutes. Les morceaux « Rats » et « Hyena » ont mis le feu mais c’est surtout sur le dernier titre « L.I.O.N. » que la folie a atteint son paroxysme : le chanteur et les deux guitaristes ont quitté la scène pour jouer au milieu du public, créant une ambiance aussi explosive que fédératrice.
Avec leur concept fort, leur énergie animale et une vraie générosité scénique, Something Animal a littéralement retourné le Hellfest Le Off. Une performance marquante, à l’image de leur musique : instinctive, brutale et résolument vivante.

MUHŨRTA

Changement d’ambiance avec Muhūrta qui a offert un moment suspendu à la fois puissant et apaisant. Le groupe parisien propose un mélange singulier de Metal et de musique indienne traditionnelle, porté par une atmosphère hypnotique et une esthétique soignée.
Sur scène, Mathieu, assis en hauteur au centre, joue du sitar avec une concentration paisible, entouré de bâtonnets d’encens disposés le long de la scène, qui diffusent leur parfum et participent à créer une ambiance spirituelle, presque méditative. Loin du chaos ambiant, Muhūrta installe une bulle sonore faite de groove profond, de riffs lourds et de mélodies introspectives, le tout enveloppé d’un calme étrange mais jamais inerte.
Le nom du groupe fait référence à une division du temps dans la tradition indienne : un jour étant composé de 30 Muhūrta de 48 minutes, mais ici c’est un voyage de 30 minutes qui a été proposé, à la fois immersif et contemplatif. Une véritable respiration dans la programmation du Hellfest Le Off, accueillie avec curiosité et respect par un public séduit par cette proposition atypique.

NAONERDZ

Puis arrive le tour de Naonerdz et avec eux une bonne dose de second degré et d’autodérision assumée. Ce quatuor de néo-metal a clairement choisi de jouer à fond la carte des anti-héros : quatre garçons qui se revendiquent nerdz, loosers, maladroits… mais fiers de l’être. Sur scène, leur énergie est inversement proportionnelle à leur image de « coincés » : ça joue fort, ça groove et ça balance sans retenue.
Alors que l’heure du goûter approche, le groupe a poussé le décalage encore plus loin en distribuant des Pitch et des Pom’potes au public, déclenchant des sourires complices tout en maintenant une intensité scénique bien réelle. Entre deux morceaux, ils invitent les festivaliers à lever les “doigts du looser” : les cornes du Metal, mais avec l’auriculaire baissé, histoire de détourner les codes avec humour.
Le tout est arrosé – au sens propre – à grands coups de pistolets à eau qui viennent rafraîchir un public hilare. En six morceaux, Naonerdz prouve qu’on peut faire du néo-metal avec sérieux sans jamais se prendre au sérieux, et que l’autodérision peut devenir une vraie arme scénique. Un moment jubilatoire qui a parfaitement trouvé sa place dans cette première journée du Hellfest Le Off.

HÜMANIMAL

En milieu d’après-midi, alors que la chaleur monte encore et que la foule devient plus dense, ce sont les Nantais de Hümanimal qui investissent la scène de la Mainstage 1. Locaux de l’étape, ils étaient attendus de pied ferme par un public déjà bien présent et ils n’ont pas déçu. Porté par des influences Metalcore, Hümanimal s’est forgé au fil des années une identité singulière où l’émotion prend le pas sur les étiquettes de genre. Leur set, chargé en tension et en sensibilité, a alterné passages puissants et instants plus mélodiques, créant un véritable ascenseur émotionnel.
Le groupe a livré une performance honnête, intense, connectée à son public dans une atmosphère déjà bien électrique malgré l’heure encore précoce. Une belle preuve que la scène locale a toute sa place au Hellfest Le Off et qu’elle peut frapper fort dès les premières heures du jour.

BACKSLAIN

Backslain s’est quant à lui distingué par une belle intensité scénique, portée par des compositions taillées pour le live. Formé en 2023 dans les Hauts-de-France, le jeune groupe a livré un set brutal et parfaitement exécuté, qui a mis tout le monde d’accord sur son potentiel. Leur style ? Une fusion solide de Death, Thrash et Groove Metal.
Sur scène, les quatre musiciens dégagent une puissance frontale, sans sacrifier pour autant la technicité de leur jeu. Un titre comme « Sovereign Sore » illustre à merveille cette capacité à enchaîner les contrastes, à injecter dans la brutalité des moments de noirceur glacée, voire de mélodie sourde. Tout est précis, dense et surtout cohérent, grâce à leur maîtrise instrumentale. En live, les sept morceaux issus de leur premier album Wicked visions of a blind soul prennent toute leur ampleur et le public se prend une claque monumentale.

JOËL BATS

Est-ce vraiment étonnant que, lorsqu’un groupe porte le nom d’un ancien gardien du PSG, son chanteur monte sur scène avec un maillot de foot jaune de Clisson floqué « Hellfest » ? Pas vraiment.
Avec Joël Bats, tout est dans le clin d’œil et surtout l’énergie brute. Presque locaux puisque originaires de Saint-Nazaire, les membres du groupe ont débarqué sur scène avec une rage communicative.
Leur chanteur, Julien, véritable bête de scène, harangue la foule avec un charisme brut, un regard vissé sur les premiers rangs et une voix qui vrille les tympans. Ça hurle, ça saute, ça vit, à l’image de leur musique : directe et sans détour.
Mais c’est surtout sur « Dark Age », en milieu du concert que la folie atteint son sommet : les Chicanos du groupe Loco Muerte les rejoignent sur scène, déclenchant une ovation immédiate. Le mélange des deux énergies fait mouche et c’est dans un joyeux chaos que se termine ce titre survolté.
En sept morceaux bien trempés, ils ont balancé leur punk hardcore frontal et déchaîné, sans jamais perdre l’attention du public. Une claque punk comme on les aime et un joli bordel à la sauce nantaise pour cette fin d’après-midi.

AM:PM

Il est 17h et il fait toujours aussi chaud mais la foule est bien plus nombreuse à présent pour accueillir les Suisses d’AM:PM. Originaires de Vevey, le groupe trace sa route depuis déjà 2012 avec une identité sonore bien à lui, comme en témoignent leurs récents singles « Serpentine » et « Despised Paradise ». La formation évolue dans un deathcore fusionnant brutalité et mélodie, le tout saupoudré de touches synthwave. Mais ce 17 juin, c’est surtout la chaleur écrasante qui a failli avoir raison de leur set. Victimes de quelques soucis techniques liés à la température, les musiciens ont dû interrompre momentanément le concert. Loin de perdre le public, ils ont au contraire remporté la palme de la sympathie. Pour faire patienter la foule, Oscar (le chanteur) est descendu de scène pour servir des shots d’un alcool local suisse ! Ce petit moment d’improvisation bon enfant a été salué comme il se doit, avant que le groupe ne reparte de plus belle pour finir son set. Malgré les aléas, AM:PM a su garder le cap et prouver que la bonne humeur et la générosité scénique font parfois toute la différence, même sous un soleil de plomb.

RED GORDON

Ensuite, c’est Red Gordon qui a pris le relais, venu tout droit de Clermont-Ferrand avec une seule idée en tête : envoyer de l’énergie. Le quatuor, composé de Tao (chant et son masque emblématique), Aurélien (guitare), Yohann (basse) et Lucas (batterie, arrivé en 2022), s’est forgé une solide réputation sur la scène émergente avec un style revendiqué comme du nu-metalcore, fusion directe entre les racines du nu-metal et la brutalité du metalcore.
Sur scène, les Clermontois ont livré un set de 7 morceaux sans temps mort, tout en intensité, riffs saccadés et refrains accrocheurs. L’empreinte vocale de Tao, masqué et habité, renforce l’aspect visuel et émotionnel de leur performance. Leur son, à la fois lourd et percutant, ne laisse aucune place à la tiédeur : chaque titre est pensé pour frapper et le public répond immédiatement. Autant vous dire que de la bagarre il y en a eu !
Red Gordon n’a peut-être pas encore atteint les sommets du genre mais avec ce concert au Hellfest Le Off, ils confirment qu’ils en prennent résolument le chemin, grâce à une présence affirmée, une cohésion solide et un sens du show qui ne triche pas. Aussi, ça nous étonnerait pas (et on leur souhaite) de les revoir d’ici quelques temps plutôt du côté de la Hell Stage.

ANTHARES

En fin d’après-midi, c’est au tour des bretons d’Anthares de prendre possession de la scène, et ils n’ont pas manqué de réveiller les instincts les plus thrash du public. Originaires du Finistère et des Côtes-d’Armor, Anthares est actif depuis 1996 et incarne à merveille l’école old-school du Thrash Metal, dans la droite lignée de groupes comme Slayer ou Exodus.
Avec un set direct et sans fioritures, le groupe a balancé sept titres devant un public particulièrement réactif, ravi de retrouver cette intensité vintage exécutée avec la rage et l’expérience. En jouant 5 morceaux, les Bretons ont notamment bien défendu leur dernier album, After the war, qui porte bien son nom : un concentré de tension, de colère et de guitares affûtées.
Solides, authentiques et toujours debout après près de trois décennies, Anthares a prouvé qu’il fallait encore et toujours compter sur les vétérans pour faire trembler les planches et que le Thrash n’a rien perdu de sa puissance évocatrice.

TURNDOWN

À 18h30, c’est Turndown, groupe local nantais, qui prend le relais sur scène pour une performance attendue par les connaisseurs. Actif depuis 2015, le groupe a développé son identité autour d’un Neo-Metalcore puissant, mêlant avec habileté les influences du nu-metal, du Metal alternatif et de la fusion. Leur recette simple et efficace fait mouche : riffs incisifs, refrains accrocheurs, énergie scénique débordante… Rien n’est laissé au hasard ! C’est un groupe à l’énergie communicative et le public est vite embarqué dans un set mêlant agressivité et mélodie.
Avec trois EPs et de nouveaux titres en préparation, Turndown montre qu’il est en constante évolution tout en restant fidèle à ce qui fait sa force : l’efficacité directe et le plaisir de la scène.

HAROLD BARBÉ

La soirée commence doucement à basculer et avant de laisser place aux tribute bands très attendus, c’est Harold Barbé, parrain de l’édition 2025 du Hellfest Le Off, qui monte sur scène pour un moment un peu à part : un stand-up en pleine ambiance Metal.
Avec son humour grinçant, bien ancré dans l’univers alternatif, Harold Barbé déclenche les rires tout en gardant ce ton caustique et désinvolte qui le caractérise. Entre clins d’œil à la scène, autodérision et petites piques bien senties, le public adhère immédiatement, ravi de cette parenthèse comique qui fait du bien avant le retour des décibels.
Un moment à la fois léger et fédérateur, porté par un parrain aussi à l’aise avec un micro que dans les fosses, et qui a su donner le ton d’une fin de journée sous le signe de la bonne humeur.

FROM THE INSIDE

La fin de journée est là et le public se masse en nombre devant la Mainstage 1, rassemblant toutes les générations dans une ambiance aussi dense que bienveillante. Des fans de la première heure aux plus jeunes, des passionnés de Metal aux curieux venus en famille : tout le monde est prêt pour ce moment particulier.
Sur scène, From the inside, tribute band dédié à Linkin Park, entre en scène et livre un set puissant, authentique et chargé d’émotion. En près de vingt titres, ils revisitent avec une grande fidélité l’œuvre du groupe culte, enchaînant les morceaux phares comme « One step closer », « In the end », « From the inside » ou encore « Numb », tous repris en chœur par un public visiblement très attaché à ces hymnes générationnels.
L’interprétation est juste, respectueuse, portée par une énergie sincère. L’émotion est palpable, les voix s’unissent, et le temps d’un concert, le Hellfest Le Off devient un lieu de communion musicale, où souvenirs et passion se mêlent avec intensité. Un véritable moment de partage intergénérationnel, et une belle façon de célébrer l’héritage d’un groupe majeur de la scène alternative.

TEEN SPIRIT

Pour clore cette première journée du Hellfest Le Off, il fallait un set à la hauteur de l’intensité vécue et Teen Spirit, tribute band de Nirvana, a parfaitement rempli cette mission. Pendant près de vingt titres, c’est tout le répertoire culte du trio de Seattle qui est revisité avec passion et fidélité, sous les cris et les chants d’un public en transe, une nouvelle fois intergénérationnel.
De « Come as you are » à « Smells like teen spirit« , en passant par « Heart-Shaped Box » ou l’incontournable « Rape me », tout le monde connaît les paroles et les reprend en chœur, dans une atmosphère à la fois survoltée (ça pogote et ça slamme) et profondément émotive. Sur scène, le chanteur, yeux bleus perçants et expressivité à fleur de peau, incarne avec intensité l’esprit grunge, sans chercher l’imitation, mais en capturant l’essence.
Et comme un clin d’œil au chaos maîtrisé des années 90, il invite en fin de set le public à monter sur scène. Résultat : une foule compacte, joyeuse, exaltée envahit les planches, dans un final qui n’est pas sans rappeler les concerts débridés de Suicidal Tendencies.
Une fin de soirée explosive, festive et familiale, qui a réuni toutes les générations autour d’une légende du Rock et prouvé une fois de plus que l’héritage de Nirvana n’a rien perdu de sa force fédératrice.

Avec une affluence en hausse au long de la journée, un public conquis et une programmation éclectique et généreuse, cette première journée du Hellfest Le Off 2025 a tenu toutes ses promesses. Une entrée en matière bouillante, à la hauteur de ce que le public attendait.

Lieu : PARKING LECLERC
Ville : Clisson (44)

Date : 17/06/2025