INKY TERRA : « Précipice »
Un album sombre et lumineux à la fois
Formé en Ardèche en 2019, INKY TERRA a traversé les débuts prometteurs, les arrêts forcés de la pandémie et même un changement de line-up avant de trouver aujourd’hui son équilibre. Depuis, Numa (chant/guitare), Boris (guitare/chant secondaire), Cédric (basse) et Loïc (batterie) ont affiné une identité musicale unique, ancrée dans un Metal alternatif, à la croisée des chemins entre System of a Down, les ambiances aériennes d’un Tool et l’efficacité émotionnelle d’un Breaking Benjamin.
Leur premier E.P Too cranky, bastards! avait déjà ouvert la voie mais c’est bien avec ce premier album, financé grâce à un crowdfunding et sorti sous le label montpelliérain M&O Music, que le groupe franchit un cap. Composé de neuf titres façonnés par Samuel Debout au mix/master, Précipice est autant une déclaration d’intention qu’un manifeste artistique. INKY TERRA s’empare de thèmes sombres et brûlants, notamment la crise climatique. Aussi, le choix du titre n’est pas anodin. Il reflète cette sensation d’être au bord du gouffre avec une lucidité désarmante.
Musicalement, l’album frappe fort. Dès l’ouverture avec « Versus » le ton est donné. Après une douce petite intro s’en suivent riffs acérés, changements de rythmes constants, alternance de passages aussi tranchants que mélodieux, une batterie qui martèle et surtout la voix singulière de Numa. On y cherche des ressemblances mais en vain. On serait entre l’émotion d’un Serj Tankian, la douceur d’un Kobi Farhi d’Orphaned Land ou encore la chaleur d’un Peter Heppner de Wolfsheim.

Si l’étiquette Metal alternatif colle bien à INKY TERRA, elle ne suffit pas à résumer l’éventail de leurs influences. Ses membres proviennent d’horizons musicaux différents et cette diversité se ressent à chaque morceau. On sent parfois une touche néo-Metal, comme sur « Preachermen », où la rythmique se fait plus martiale et où la voix secondaire de Boris adopte un flow presque hip-hop. Au fil de l’album, cette seconde voix prend d’ailleurs de l’ampleur, devenant plus rugueuse, plus saturée, comme sur « Liar liar », qui ose même un détour surprenant… avec un passage presque en mode valse. Chaque morceau surprend par ses variations de rythmes et ses contrastes. « One percent », presque enivrant sur sa conclusion, se fond naturellement avec « Interlude », un morceau atmosphérique ponctué d’un dialogue qui semble tout droit sorti d’un film, offrant un instant de respiration avant de repartir de plus belle avec « Heading for a fall ». Plus intense et résolument hardcore, ce titre voit Boris pousser sa voix jusqu’au growl, ajoutant une dimension brute et puissante à l’album. Et puis il y a cette conclusion inattendue avec « The shore », une ballade acoustique qui referme l’album avec élégance.
La grande force d’INKY TERRA réside dans cet équilibre entre lourdeur et mélodie, magnifié par une production qui met parfaitement en valeur chaque instrument. Précipice est une œuvre cohérente, intense et accessible, capable de séduire autant les amateurs de Metal alternatif que ceux d’un Rock plus atmosphérique. Et le groupe ne compte pas en rester là. Plusieurs dates live sont prévues d’ici la fin de l’année, pour porter sur scène l’énergie de ce premier album. Une chose est sûre : INKY TERRA ne fait que commencer son ascension.
- 18 Octobre 2025 – Viviers – Théâtre Municipal
- 28 Novembre 2025 – Saint Jean de Védas – Secret Place TAF