Dream Theater + Extreme + The Last Internationale au POSITIV FESTIVAL – 29/07/2025
Après deux éditions réussies en 2022 et 2023, l’Orange Metalic Festival avait laissé un vide en 2024. Les amateurs de gros son espéraient un retour fracassant en 2025 mais c’est finalement sous la bannière du Positiv Festival qu’une unique soirée dédiée au Rock et au Metal a été programmée, pour le plus grand bonheur des fans. Le 29 juillet, l’exceptionnel Théâtre Antique d’Orange, toujours aussi majestueux et chargé d’histoire, a vibré sous les riffs et les envolées vocales de trois formations bien différentes, mais réunies par la même passion : The Last Internationale, Extreme et Dream Theater.
THE LAST INTERNATIONALE : L’éveil des consciences en ouverture
Il est 19h15 quand le duo new-yorkais The Last Internationale entre en scène avec une reprise explosive de « Kick out the jams » du groupe MC5. Une entrée fracassante qui sonne comme un manifeste. Ce soir, il faudra compter avec l’énergie du Rock engagé.
Delila Paz, charismatique et flamboyante dans sa combinaison rouge à paillettes et ses chaussures argentées, impose instantanément sa présence. Sa voix, tour à tour rageuse et vibrante d’émotions, porte ce soir des textes puissants sur les luttes sociales, la liberté, les combats oubliés. « Life, Liberty, and the Pursuit of Indian Blood » ou encore « Hard Times » résonnent comme des hymnes modernes.
À ses côtés, son acolyte, Edgey Pires, bondit, grimace, exulte, tout en délivrant des riffs tranchants aussi politiques que percutants. Lui et son instrument ne font qu’un, délivrant un Rock abrasif, parfois bluesy, toujours viscéral.
À leurs côtés, la jeune bassiste française Alice Atkins, toute en aisance, assure un groove redoutable. Sa présence et sa précision sont saluées dès les premières notes et c’est un vrai plaisir de voir une musicienne de l’Hexagone briller ainsi sur une scène internationale.
Le set monte encore en intensité avec « Hero », où Delila interpelle le public en français dès le début. « Vous voulez sauter avec moi ? », lance-t-elle, provoquant une vague de cris enthousiastes.
Sur « Soul on fire », l’ambiance se fait plus intime. Un piano électrique est installé, Delila s’y installe et livre un moment suspendu, avant de descendre dans la fosse pour chanter au milieu du public, comme à chaque concert. Elle va même jusqu’à gravir les marches du théâtre pour aller chercher tout en haut un spectateur et l’inviter sur scène.
Le final « 1968 » est un feu d’artifice d’émotions. Delila Paz fait asseoir toute la fosse autour d’elle avant de lancer un jump collectif. Une performance en tout point exceptionnelle, pleine de générosité, d’engagement et d’authenticité. The Last Internationale a rappelé ce soir que le Rock pouvait encore éveiller les consciences.
EXTREME : virtuosité, énergie et communion totale sous les étoiles
Après la claque rock contestataire de The Last Internationale, la scène du Théâtre Antique se prépare à accueillir un autre monument. Les gradins sont pleins et les projecteurs s’allument sur Gary Cherone, le frontman historique d’EXTREME, qui déboule sur scène avec panache. Look affûté : pantalon et gilet noirs, foulard rose autour du cou et surtout cette paire de lunettes sur laquelle un grand « X » orne le verre gauche (un détail aussi excentrique qu’emblématique). Le public est prêt pour une bonne dose de rock survitaminé et ça tombe bien car « It (‘s a Monster) » ouvre le bal avec puissance.
Dès les premières secondes, Gary se donne corps et âme. Véritable athlète scénique, il arpente la scène en long et en large. Il court, grimpe, virevolte, grimace, harangue le public. C’est un showman complet, visiblement heureux d’être là et qui n’a rien perdu de son souffle. EXTREME, dont le pic de notoriété remonte aux années 80/90, connaît depuis la sortie de Six en 2023 un nouveau souffle, et les fans ne s’y trompent pas. Sur « Decadence dance » ou « Rest in peace », les refrains sont repris en chœur, les mains tapent en rythme, les visages s’illuminent. La section rythmique, composée de Pat Badger à la basse et Kevin Figueiredo à la batterie, est d’une efficacité bluffante : ça groove, ça respire, ça pulse ! Ensemble, ils posent les fondations idéales pour laisser s’exprimer l’extraordinaire Nuno Bettencourt. Chaque solo est un terrain de jeu où la virtuosité côtoie la grâce. Sur « Play with me », introduit par le célèbre « We will rock you » de QUEEN, il laisse le public chanter pendant qu’il enchaîne les cascades de notes avec une classe folle.
Le set s’adoucit un instant. Chapeau vissé sur la tête, Nuno sort sa guitare acoustique blanche et plaisante en grattant les premières notes de « Stairway to heaven ». « C’est une excellente chanson », glisse-t-il avec humour avant d’enchaîner « Midnight Express » et « Hole Hearted ». Puis vient le point d’orgue émotionnel avec « More than words ». A cappella, Gary s’adresse à la foule : « We need more voices ! » Et tout le théâtre répond. Un instant magique, presque sacré, où les voix montent ensemble jusqu’aux pierres millénaires du théâtre. Gary jette alors un regard ému vers le mur antique. On lit dans ses yeux la gratitude, le respect du lieu, la force de l’instant. Le calme ne dure pas. « Cupid’s dead » ramène l’énergie, suivi de « Banshee », appuyé par une projection sensuelle sur les murs du fond. Avant le final, Nuno offre un dernier solo de haute voltige avec « Flight of the Wounded Bumblebee ». Puis le rideau tombe sur un duo imparable : « Get the Funk Out » suivi du très puissant « Rise ». Standing ovation. EXTREME n’a pas seulement joué : ils ont partagé, vibré, célébré. Un moment rare d’authenticité, de technique et d’amour pour la scène.
DREAM THEATER : les maîtres du théâtre antique
Formé en 1985 par John Petrucci, Mike Portnoy et John Myung, DREAM THEATER n’a depuis cessé de repousser les limites techniques et artistiques de leur Metal progressif. Quarante ans plus tard, les voici sur la scène majestueuse du Théâtre Antique d’Orange, devant un public suspendu à leurs moindres notes pour cette date exceptionnelle.
Le concert s’ouvre sur « Night terror », extrait de leur dernier album Parasomnia sorti en février 2025. Le son est massif, net, précis. Dès les premières secondes, l’ambiance est posée : intense, immersive, exigeante. James LaBrie, très en forme, arpente la scène vêtu d’un t-shirt noir à l’effigie d’un Baphomet revisité par l’artiste texan Sawblade666. Il rappelle au public, avec un sourire sincère, les 40 années d’existence du groupe et salue chaleureusement le retour de Portnoy, visiblement ému derrière son imposant kit de batterie.
La setlist, soigneusement pensée, offre un véritable voyage à travers la discographie du groupe. De la majestueuse trilogie de Metropolis Pt. 2 (« Strange déjà vu », « Through my words », « Fatal tragedy »), à l’incisif « Panic attack », en passant par des classiques émotionnels comme « Barstool warrior » et « Hollow years », tout y est. Le récent « Midnight Messiah« confirme son efficacité en live, porté par une section rythmique soudée et un Petrucci impérial, comme toujours.
Le jeu de scène reste sobre, presque épuré mais parfaitement équilibré. Des visuels psychédéliques, tantôt oniriques, tantôt géométriques, qui prolongent la musique dans l’imaginaire sont projetés sur l’immense mur du théâtre romain. Des jeux de lumières viennent souligner les moments les plus intenses, sans jamais surcharger l’atmosphère. Chaque membre est au sommet de son art. Jordan Rudess aux claviers enchaîne textures sonores et envolées, tandis que Myung reste fidèle à lui-même : discret mais implacablement efficace. James LaBrie sait quand briller et quand s’effacer, laissant place aux longues sections instrumentales dans lesquelles les musiciens s’expriment librement. « Peruvian skies » et « Take the time » confirment l’ampleur du répertoire, tandis que « The spirit carries on » suspend littéralement le temps. Enfin, l’incontournable « Pull me under » vient clore le set avec force et émotion.
Après 1h30 de maîtrise absolue, DREAM THEATER salue un public conquis, partagé entre admiration et gratitude. Un concert qui n’était pas une simple rétrospective mais une célébration vivante, vibrante, d’un parcours hors normes. Et une preuve, s’il en fallait encore une, que DREAM THEATER reste une référence incontournable de la scène Metal mondiale.
Dans le cadre unique et chargé d’histoire du Théâtre Antique d’Orange, cette soirée Rock/Metal orchestrée par le Positiv Festival a tenu toutes ses promesses. Entre la fougue contestataire de The Last Internationale, l’énergie explosive d’Extreme et la majesté progressive de Dream Theater, les spectateurs ont vécu un véritable grand huit d’émotions et de décibels.
Parfaitement organisée, cette date unique a su réunir des artistes de haut vol, un public passionné et une ambiance à la hauteur du lieu. Un pari réussi pour le Positiv Festival, qui prouve qu’il sait aussi faire vibrer les vieilles pierres au son des guitares saturées. Vivement la prochaine !